La seconde édition des Rencontre de l’éco organisées par ECLA Lons Agglomération en partenariat avec la Ville de Lons-le-Saunier a eu lieu le jeudi 18 novembre à la mezzanine de Juraparc.
Le thème choisi était ainsi formulé : « Agir pour l’environnement : quelles opportunités pour les entreprises ? » Pour témoigner, cinq intervenants ont été choisis.
Jean-Luc Morel est le dirigeant de l’entreprise familiale Morel, située en zone industrielle de Lons, spécialisée dans la transformation de matières plastiques par extrusion, avec également une activité de négoce.
La RSE (responsabilité sociétale des entreprises) pour J-L Morel, ce n’est ni une nouveauté, ni un effet de mode « et ça ne doit pas l’être« . Pour le dirigeant, l’entreprise est par nature responsable et sa responsabilité c’est de prendre soin, pas seulement de son outil de production, de ses clients, de ses salariés ou de ses produits mais aussi de notre environnement commun.
Dans l’entreprise Morel, cela se traduit par des actions concrètes de tri, de récupération, de baisse de la consommation d’énergie notamment par l’isolation des bâtiments ou le relamping (passer du néon au led).
Au sein de l’entreprise ou par l’intermédiaire de l’association « À Lons ZI » (qui regroupe 25 entreprise de la zone industrielle représentant 70% des salariés), un travail en commun s’effectue pour trouver des solutions aux problématiques environnementales. Contraintes, opportunités, développement structuré… tout est prétexte à trouver un chemin plus vertueux qui permette aussi de maintenir le niveau de performance de l’entreprise.
Pour J-L Morel, « nous ne devons pas tout attendre des dirigeants de notre pays, il faut agir individuellement« . L’ADN de l’entreprise c’est agilité et dans ce domaine également il faut en faire preuve. « Nous n’avons pas vraiment de plan, plutôt une stratégie qui commence par réaliser son propre bilan carbone. Nous ne devons pas attendre les contraintes mais les anticiper« .
Le dirigeant d’entreprise témoigne que de plus en plus de clients le questionnent sur la RSE de l’entreprise Morel, un constat qui sera d’ailleurs partagé par Éric Pertus qui dirige Altus Coating, entreprise fondée en 2007 et située dans la zone des Plaines à Courlaoux. Elle est spécialisée dans la création de vernis à réticulation UV destinés aux emballages de cosmétiques.
« Il s’agit déjà en soi d’une démarche écologique, car la technique de réticulation que nous employons permet de passer de l’état liquide à l’état solide en quelques secondes, ce qui permet de moins consommer de COV (composants organiques volatiles) et moins d’énergie. »
Depuis environ 5 ans, Altus Coating s’est engagée dans une démarche RSE environnementale en cherchant et obtenant de nombreux labels et certifications : Responsable Care (2018), Eco-Vidis Gold (2020) et bientôt Platinium, pour ne citer que ces démarches là. Démarches inhérentes à la gestion de produits chimiques. « Cela permet aussi de conjuguer performance et innovation » témoigne M. Pertus qui a indiqué que l’entreprise travaillait le plus possible avec le tissu local, pour réduire encore son empreinte carbone..
« Sur ce plan, il faut être dynamique, être toujours en mouvement et proposer des solutions« . L’illustration de ces propos est parlante : 72% de la flotte automobile de l’entreprise est hybride ou électrique, les économies d’énergie ont été de 23% en 2018 et 100% des déchets suivent une filière de recyclage ou de valorisation.
L’entreprise, non contente de supprimer les substances CMR-SVHC de ses vernis, d’utiliser plus de produits biosourcés et de produits hydro, consomme très peu d’eau. Et quand il s’agit d’utiliser des refroidisseurs, ils fonctionnent en circuit fermé.
« Nous ressentons une pression environnementale de plus en plus forte de la part des grands groupes de cosmétiques, constate M. Pertus, d’ailleurs leur communication est de plus en plus axée là dessus. Pour eux c’est vital ! »
Directeur de l’unité du groupe Bel installé à Lons, Yan Wederich est venu expliquer comment une contrainte environnementale est devenu une opportunité pour son groupe. « Fabriquer du fromage fondu c’est cuire et nettoyer, donc consommer beaucoup d’énergie et d’eau » résume Yan Wederich. « Comme nous vendons notre fromage en portions, c’est aussi beaucoup d’emballages ! »
Avec ses 370 salariés, l’unité lédonienne de production Bel est passé en quelques années de 10 000 à 20 000 tonnes de fromage, « tout en réduisant sa consommation d’eau et d’énergie !« . En chiffres cela donne -40% de consommation d’énergie réalisés en 10 ans. Sur la lancée, l’objectif de l’usine lédonienne est d’atteindre la neutralité carbone sur les émissions de CO2 en scope 1 et 2.
« Nous avons aussi l’objectif de réduire à 2 m2 d’eau utilisée par tonne produite, et diminuer les émissions de DCO de 80% d’ici 2025« .
Yan Wederich dirige l’unité qui a le ratio le plus faible du groupe Bel en terme d’émission de CO2 en rapport à sa production.
Pour réaliser ses nouveaux objectifs, le groupe va réaliser des investissements « massifs » : 2,5 M€ sur 3 ans pour modifier l’équipement (80% des gains espérés) mais va aussi sensibiliser chacun de ses salariés pour obtenir les 20% restants, « les plus difficiles à obtenir« .
Bel va également travailler en parallèle dans deux directions :
– la récupération et la réutilisation de la chaleur produite
– la réduction des effluents rejetés et traités à la station d’épuration (STEP) de Montmorot, gérée par la régie d’assainissement d’ECLA.
Pour ce dernier projet, la groupe crée sa propre station sur site. « Comme nous n’avions pas de terrain en site propre, et que nous ne souhaitions pas réaliser une station classique en centre ville, il a fallu innover ». La solution choisie est spectaculaire : la station de traitement qui est en train d’être construite occupera la place d’un container, traitera 70% des effluents émis et les valorisera en boue. Il restera au groupe le problème du traitement des boues. La mise en service est annoncée pour la fin de l’année. « Nous testons donc à Lons une solution qui pourra être reproduite dans d’autres unités du groupe, en France, en Europe ou ailleurs« .
Toute cette action d’ampleur a également une valeur pédagogique en interne où chaque salarié est associé et concerné. Pour qu’il puisse également décliner cette démarche environnementale à domicile pourquoi pas, à titre individuel en tout cas.
Là aussi, pour Yan Wederich même constant : la politique RSE et environnementale est souvent décisive pour la signature de contrat, avec des clients comme avec des fournisseurs. « Aujourd’hui, on ne lance pas un produit s’il demande plus d’énergie ou d’eau que celui que nous produisons déjà« .
Autre structure, autre démarche. Hervé Baron est maître-composteur au SICTOM de Lons-le-Saunier. Il est venu évoquer les cours d’éco-conduite prodigués aux chauffeurs des camions-bennes. des engins qui consomment « entre 80 et 100 litres aux 100 km. » Avec des outils comme les défis ou les primes à l’économie, le résultat a été probant : 11% d’économie de carburant sur un exercice et des avantages collatéraux comme pour les plaquettes de freins dont la durée de vie a été multipliée par 2,5. Sur un an c’est une économie de 40 000 € qui a été constatée par cette action simple.
Le SICTOM propose également aux entreprise un accompagnement gratuit pour la réduction de leurs déchets.
Pour conclure, Francis Pernot (chargé de mission Environnement à ECLA) et Geoffrey Visi (élu de la Ville de Lons en charge du cadre de vie) ont évoqué les actions menées par les deux collectivités. Notamment un travail engagé sur la qualité et la quantité de l’eau potable, le développement des circuits courts (par exemple maraichers), la mobilité en modes doux pour ECLA et pour la Ville de Lons l’ambitieuse politique de renaturation de la ville avec son volet de désimperméabilisation. Les cours d’école figureront dans ce programme.
Cette édition #2 étaient présentée par Nicole Paraiso (adjointe à la Ville de Lons-le-Saunier et élue communautaire) et Jérôme Cordellier (vice-président de l’agglomération en charge de l’Emploi, du Développement économique, de l’Économie sociale et solidaire, de l’Économie circulaire, de l’Attractivité et du Tourisme). Elle était animée par Geoffrey Visi (conseiller municipal délégué au cadre de vie) et préparée par Sébastien Maître (Développement économique ECLA).
Photos : Studio Vision
Jean-Luc Morel
Éric Pertus
Yan Wederich
Nicole Paraiso et Jérôme Cordellier